Si près du but…
- rojhilatdogan
- 21 déc. 2024
- 6 min de lecture
Le 11 juillet 2010, l’Espagne et les Pays-Bas nous ont livré l’une des plus belles finales de l’histoire de la Coupe du Monde. Cette opposition de style marque l’apogée du football Espagnol et un nouvel échec Néerlandais sur la dernière marche du succès. Après la RFA en 1974 et l’Argentine en 1978, les Espagnols deviennent les nouveaux bourreaux des Pays-Bas en 2010. Retour sur ce match légendaire.

Les deux Nations ont connu un long chemin et de nombreuses vicissitudes depuis le début des années 2000 avant de disputer cette 19ème finale de Mondial. Voulant laisser les échecs répétitifs derrière elle, la Roja aborde cette Coupe du Monde plus confiante que jamais, forte de son titre Européen acquis 2 ans avant. Les Pays-Bas proposent un jeu de plus en plus séduisant lors des différentes compétitions, et comptent sur d’importantes individualités parfaitement en phase avec le collectif.
L’Espagne au sommet de son art
Lors de la Coupe du Monde 2006, les Espagnols affrontent la France lors d’un huitième de finale qui doit rimer avec départ à la retraite de Zinedine Zidane. Après l’échec de 2004 et une élimination dans un groupe composé de la Russie, du Portugal et du futur vainqueur, la Grèce ; la Roja aborde le mondial avec un tout autre état d’esprit. Revanchard et bien décidé à éliminer les bleus, l’Espagne ne semble même plus avoir la moindre compassion pour l’un des plus célèbres numéro 10 de son championnat. Malheureusement pour eux, l’aventure s’arrêtera à Hanovre, le 27 juin 2006 face aux Bleus, par une défaite 3 buts à 1.
Avant de poursuivre sur le parcours de l’Équipe Nationale, il est intéressant de s’arrêter sur cette année 2006 et de faire un léger parallèle avec les clubs pour s’apercevoir que le football Espagnol est en réalité sur une très bonne dynamique. Barcelone et Séville remportent respectivement la C1 et la C3 cette même année et les clubs espagnols s’installent définitivement dans le paysage européen. Séville remportera de nouveau la compétition en 2007, Barcelone triomphera aussi de nouveau en 2009.
Surtout, 2008 marque un tournant car la Sélection remporte l’Euro avec un renouveau dans le style de jeu. Fortement inspiré des idées de Guardiola, leur jeu est caractérisé par un pressing tout terrain et une volonté de monopoliser au maximum le ballon au milieu. Cette zone du terrain a pour chef d’orchestre, deux génies Catalans : Xavi et Iniesta. Seule l’Italie posera des problèmes à l’Espagne avec un match mythique qui se prolongera jusqu’aux tirs au but en quart de finale. Les Espagnols remporteront tout de même l’Euro 2008 avec une facilité déconcertante lors de tous ses autres matchs.
Avec Vicente Del Bosque, nous observons les mêmes préceptes de jeu en 2010. La Roja est favori de la compétition dès le mois de juin et ce malgré une défaite 1-0 lors du 1er match du Groupe H face à la Suisse. Sergio Busquets vient même bonifier ce milieu de terrain apportant une complémentarité et une rotation plus qu’essentiel au trio Xabi – Xavi – Iniesta. La philosophie espagnole, définie par un jeu de possession dans les 30 mètres adverses, avec un enchainement de passes, souvent courtes et dans les pieds, jusqu’à créer un décalage dans la défense adverse, fera une nouvelle fois le bonheur des supporters de la Roja. Avec une majorité de joueurs issus de la Masia, l’Espagne installera son jeu sans trop de difficultés en Afrique du Sud pour venir à bout de ses adversaires. La seule critique concernera le rendement offensif de l’équipe : leur plus large victoire étant seulement de 2-0 contre le Honduras en phase de poules.
Une montée en puissance Batave
Côté Néerlandais, nous assistons à une montée en puissance avec d’importantes individualités qui s’ajoutent à un collectif déjà bien fourni au cours des différentes compétitions internationales et tout commence en 2004 lors du championnat d’Europe au Portugal. Les Pays-Bas réalisent un parcours plus qu’honorable atteignant la demi-finale de la compétition après être sorti d’un groupe composé de la Lettonie, de l’Allemagne ainsi que de la surprise du tournoi la République Tchèque. En quart de finale les Pays-Bas éliminent la Suède de Larson et de Zlatan. Néanmoins, le jeu proposé n’est toujours pas séduisant, et l’exigence hollandaise pousse le staff à travailler tous les aspects du jeu avec l’objectif de gagner les matchs avec la manière.
Avec un style de jeu très offensif, les Pays-Bas séduiront tous les amoureux du ballon rond en Allemagne, deux ans plus tard. Au milieu d’individualités en fin de carrière internationale, 3 jeunes issus de la nouvelle génération Oranje s’affirment définitivement au plus haut niveau : Van Persie, Robben et Sneijder. A l’aube de la Coupe du Monde 2006, Marco Van Basten promet de construire une équipe qui jouera à la batave, avec des joueurs de devoir qui obéiront aux consignes pour évoluer en équipe. Les Pays-Bas se font éliminer par le Portugal en 2006 dans un match aussi spectaculaire que violent : 16 cartons jaunes et 4 cartons rouges. Mais l’équipe dispose d’arguments plus convaincants dans le jeu.
En 2008, l’équipe est encore plus impressionnante, avec notamment ce match de poule face à une Équipe de France en manque de repères et vieillissante. Les Pays-Bas l’emportent 4 buts à 1 avec une démonstration offensive rarement vu depuis le début de la compétition. Sneijder symbole de cette équipe, réalise un match grandiose et élimine la France. Positionné d'abord à gauche, il reste toutefois assez libre de ses mouvements et gêne ainsi considérablement les adversaires des hollandais lors des poules. Technique, rapide, polyvalent avec des qualités défensives non-négligeables. Le numéro 10 des Pays-Bas marque un renouveau dans cette sélection. En quart de finale, la Russie élimine les Pays-Bas mais des principes de jeu sont définitivement établis.
En 2010, l’équipe semble encore plus mature : le 4-2-3-1 est maîtrisé de tous puisqu’il avait été instauré en 2008 par Marco van Basten; un quatuor offensif de feu – Arjen Robben, Rafael van der Vaart, Wesley Sneijder pour alimenter la pointe Robin van Persie. Mark van Bommel, le métronome aboyeur et poseur de tampons de premier ordre dispose également d’une bonne qualité de relance. La défense qui, jusqu’ici, n’a cédé que sur deux buts lors des éliminatoires, dégagent une très grande assurance. Et comme si cela ne suffisait pas, l’équipe possède des remplaçants de grande valeur, comme Dirk Kuyt ou Klaas-Jan Huntelaar.
Un final d’anthologie
Opposition de style, cette finale nous tient en haleine jusqu’au bout de la nuit. Avant la finale, les Pays-Bas restent sur une impressionnante série de vingt-trois matches sans défaite. La montée en puissance est réelle. Les Espagnols, eux, semblent intouchables. Leur jeu parfaitement huilé et travaillé depuis de nombreuses années risque d’être difficilement contré par les Hollandais.
Cependant, les Hollandais réussissent plus que jamais à leur poser des problèmes. Puyol ne semble pas maitrisé son sujet dans son duel dans le match avec Robben, qui le prend de vitesse à de nombreuses reprises. Offensivement, l’Espagne paraît à bout de souffle et en manque d’idées. David Villa ne réussit que très peu de fois à inquiéter la défense hollandaise. D’autant plus que l’Espagne présente une possession moins importante que lors de ses précédents matchs.
Arjen Robben, lui, ne semble pas en réussite dans la finition… Nous avons tous en tête les nombreuses occasions manquées par les joueurs hollandais. Mais la plus marquante reste celle de Robben juste avant la fin de la première période. L’impression que le poids de tout un pays était sur ses épaules au moment de finir l’action face à Casillas…
Quoi qu’il en soit le tournant du match intervient à la 109ème minute de jeu lorsque qu’Heitinga se fait expulser. Alors que les deux équipes s’apprêtent à disputer une séance de tirs au but, Iniesta profite d’un décalage astucieux de Fabregas pour ouvrir le score d’une demi-volée imparable par Stekelenburg. Ce but, qui restera dans la légende, permettra à l’Espagne de décrocher sa 1ère étoile.
Pour les Pays-Bas, ce troisième échec en final est sûrement le plus douloureux tant au niveau du scénario que de la dramaturgie de la rencontre. Tout semblait enfin réuni : une défense complémentaire et rugueuse, un milieu capable de jouer le contre et la possession, un collectif offensif composé de joueurs brillants et une profondeur de banc plus importante qu’à l’époque de Cruyff.
Depuis 2010, les Pays-Bas n’ont disputé aucune finale. Leur meilleur résultat est à ce jour une timide 3ème place en 2014. A la recherche d’un premier titre mondial, la nouvelle génération menée par Xavi Simons et Cody Gakpo aura la lourde responsabilité de rendre tout un pays heureux dès 2026…
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