La Coupe du Monde des Clubs : était-elle la compétition de trop ?
- rojhilatdogan
- 14 juil.
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Dernière mise à jour : 18 août

La première édition du nouveau format de la Coupe du Monde des Clubs a eu lieu du 14 juin au 13 juillet 2025, aux Etats-Unis. Entre optimisme et scepticisme cette compétition a animé beaucoup de débats depuis l’annonce de sa création par le Président de la FIFA, Gianni Infantino, en décembre 2022. Annoncée comme une révolution dans le football, cette Coupe du Monde devait incarner l’ambition planétaire de la FIFA. Ce nouveau format promettait sur le papier beaucoup de spectacle et des affluences records. Pourtant, mises à part les affiches entre les meilleurs clubs européens, nous gardons surtout en tête des stades américains avec des tribunes souvent clairsemées et des joueurs fatigués. En atteste la finale pendant laquelle les Parisiens semblaient émoussés. Et cette fois, même les critiques de la part des joueurs ont été plus insistantes, en effet la surcharge du calendrier pose de plus en plus question sur la santé des joueurs. Mais alors, quel bilan pouvons-nous faire de cette première édition au format XXL ?
I - Un sport de plus en plus intense
Dans le monde du football, les compétitions pullulent et la saison 24-25 est arrivée à son terme avec la finale PSG-Chelsea qui s’est jouée au MetLife Stadium d'East Rutherford, près de New York. Entre Ligue des Nations, nouvelle formule de la Ligue des Champions, rassemblements avec les sélections nationales, les joueurs doivent répondre à un rythme soutenu, sans trop de possibilité de négociation avec les clubs ou les fédérations. Et c’est d’ailleurs là que tout le problème se pose. Pourquoi les joueurs n’auraient pas droit de contester une décision sportive qui les concerne directement ? Sous prétexte de salaires conséquents, seraient-ils obligés d’accepter ce qui émane des hautes instances du football ? La possibilité de faire grève a été évoquée par le défenseur français Jules Koundé en septembre dernier, pointant du doigt l’intensité qui pourrait être source de blessures pour les joueurs.
Critiques, Kevin de Bruyne et Virgil Van Dijk, tous deux internationaux, l’avaient eux aussi été lors de la reprogrammation de la Coupe du Monde 2022 et de la Ligue des Nations de la même année. Ces derniers estimaient que la Ligue des Nations n’était pas une compétition utile et qu’ils avaient besoin d’une vraie période de repos afin de récupérer de leur saison. Enfin, le Ballon d’Or Rodri, avait également remis en question le rythme des compétitions en avril 2024. Alors qu’il avait disputé près de 40 matchs avec son club, l’Espagne l’attendait pour disputer le Championnat d’Europe 2024. Quelques mois après, en septembre, le joueur s’est blessé au genou et a été tenu à l’écart des terrains pendant toute une saison.
Ainsi, lorsqu’il n’y a pas de compétitions internationales (Coupe du Monde, Euro, CAN ou Copa America) les joueurs doivent maintenant disputer une Coupe du Monde des clubs qui ne regroupait jusqu’à présent que 7 équipes sur un tournoi organisé fin décembre – début janvier.
Naturellement, notre propos nous amène donc à repenser la rareté. Et cette fois, il s’agit de parler du spectateur qui se retrouve lui aussi sans pause ni repos. Or, le football fait partie intégrante d’une économie qui doit considérer le consommateur, et le surplus de matchs peut tout simplement lasser le spectateur. Le manque d’intérêt s’est fait ressentir lors de cette édition de la Coupe du Monde, avec une ferveur bien moins importante que pour une Ligue des Champions par exemple. Néanmoins, il serait aussi malhonnête de notre part de ne pas évoquer les aspects positifs et dire que cette compétition ne répond pas à une logique sportive.
II - Une compétition qui répond à une logique sportive
En effet, ce nouveau format répond aussi à une logique sportive. Reprenant le modèle de la Coupe du Monde, les organisateurs ont voulu imaginer cette fois une Coupe du Monde entre clubs. Et pourquoi pas après tout. Des compétitions entre clubs européens ont lieu chaque saison (Ligue des Champions, Ligue Europa et Conference League). La tenue d’un mondial entre clubs tous les 4 ans semble donc cohérente. D’autant plus que cela sert de levier économique important pour les équipes concernées. Une motivation supplémentaire animera maintenant les équipes afin de disputer cette compétition dans 4 ans : avoir un indice suffisamment élevé pour décrocher son billet pour la prochaine édition. En Europe, cela a donc de l’intérêt sportif en Ligue des Champions dans la mesure où les 4 derniers vainqueurs de la Coupe aux Grandes Oreilles participeront à la prochaine Coupe du Monde des Clubs.
Ce tournoi peut donc se lire comme une évolution cohérente du football mondial. Pour la première fois, les clubs de toutes les confédérations ont eu l’opportunité de s’affronter dans un cadre équitable. Cette diversification des matchs et des styles de jeu a permis à des équipes souvent cantonnées à leur continent de se confronter au plus haut niveau. Des clubs africains, asiatiques ou américains ont pu démontrer leur valeur face aux géants européens, apportant ainsi un vent de fraîcheur dans un football standardisé. Des oppositions marquantes ont participé à rendre cette compétition unique : Al-Hilal vs Manchester City / Inter Miami vs Porto / PSG vs Real Madrid…
Et pour les grandes équipes, cette compétition représente aussi un défi : gagner un titre mondial face à des champions d'autres continents, ce qui nécessite une profondeur d’effectif, une adaptation tactique et une régularité (le PSG aurait pu réaliser un quintuplé historique).
Enfin, dans le football toutes les évolutions se sont heurtées à des difficultés d’acceptation par le grand public. La Ligue des Nations et la nouvelle Ligue des Champions en sont le parfait exemple : en premier lieu critiqués, ces deux formules ont séduit le public par leur dimension innovante. L’évolution d’une compétition présente depuis le début des années 2000 peut donc brusquer. D’autant plus, qu’elle montre de nombreuses nouveautés comme nous avons pu le voir. Avec plus de réflexion et de travail de la part de la FIFA, une meilleure organisation est-elle possible ?
III - Une meilleure organisation est-elle possible ?
L’annonce de cette nouvelle formule est intervenue à un moment où les critiques de la part des joueurs s’accentuaient depuis 2021, et l’émergence de nouvelles compétitions comme la Ligue des Nations. Penser à une organisation alternative du mondial des clubs est donc souhaitable pour prévenir les joueurs de blessures conséquentes. Dernièrement, le cas d’Ousmane Dembélé a interpellé. L’international français, vainqueur de la ligue des champions s’est blessé suite à un rassemblement avec l’Équipe de France pour la Ligue des Nations, au mois de juin 2025. L’International Français n’a pas pu disputer la compétition jusqu’au quart de finale du PSG.
Si l’ambition d’une Coupe du Monde des Clubs élargie pouvait se défendre sur le plan sportif, sa mise en œuvre a révélé de nombreux soucis organisationnels. D’abord, la répartition géographique des matchs, souvent loin des communautés supportant réellement les clubs en lice, a pesé lourdement sur l’affluence : Jouer un Fluminense –Dortmund à New Jersey ne semble pas logique et il est très peu probable d’attirer un public américain pour cette rencontre. Pendant les phases de poules les stades étaient souvent à moitié vides et bien entendu l’ambiance était bien loin de la ferveur d’une grande compétition internationale.
Ensuite, le timing du tournoi a soulevé des questions. Placé en juin-juillet, d’une saison déjà pleine, le tournoi est arrivé comme une épreuve de trop pour les joueurs, dans un calendrier déjà saturé. Sur le terrain, cela se voyait très facilement, beaucoup de joueurs étaient rincés. Ce décalage entre l’ambition « commerciale » ou « financier » de la FIFA et les impératifs physiques des acteurs du jeu pose la question de l'équilibre entre spectacle et santé.
Si la FIFA souhaite faire de ce tournoi une référence mondiale, comme elle l’entend, elle devra repenser son organisation : réduire le nombre de stades pour concentrer l’intérêt des spectateurs dans un même lieu, et surtout, coordonner mieux cette compétition avec les autres grandes échéances du football mondial. Sans cela, l’événement risque de rester une idée mal organisée, davantage pensé pour les intérêts de la FIFA que pour le pur spectacle sportif.
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